Suivi environnemental d’un parc éolien en exploitation

Parc éolien
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Un suivi environnemental sur 3 ans

Emberiza démarre le suivi écologique d’un nouveau parc éolien en exploitation dans le Nord Vienne. Au programme, suivi de la mortalité, suivi comportemental de l’avifaune et écoute en nacelle de l’activité des chiroptères. Le contexte de prairies bocagères associées à de nombreux boqueteaux justifie une forte pression d’inventaire : près de 90 sorties par an, et ce sur 3 ans ! De quoi disposer de bases solides pour apprécier l’impact de ce parc sur la faune volante.

Eolienne entre deux vieux arbres

Suivi comportemental des rapaces

Une attention particulière est portée sur les rapaces. La majorité de ces taxons chasse en milieu ouvert/semi-ouvert et utilise les courants ascendants pour se déplacer. Les parades nuptiales sont également très aériennes. Ces comportements peuvent donc les rendre vulnérables vis-à-vis des éoliennes. Au sein du parc en période de reproduction, de nombreuses Buses variables sont régulièrement observées, accompagnées de Busard Saint-Martin, Milan noir, Faucon crécerelle, Epervier d’Europe…

La surprise de 2020 a été la confirmation de la nidification du Milan noir dans un petit bois, à quelques centaines de mètres à l’Ouest du parc. En plus des adultes qui viennent s’alimenter dans les prairies et cultures (jusqu’à 7 Milans en simultané dans un labour) et survolent régulièrement le parc, la problématique de risque de collision est accentuée par la présence de jeunes.

Milan noir en chasse
Milan noir en chasse

On souligne ici, l’importance d’un suivi comportemental des rapaces en phase d’état initial pour étudier en détail la fréquentation de ce groupe, d’autant plus dans des contextes bocagers et boisés. Un suivi post-exploitation est tout aussi intéressant pour évaluer les comportements à risque et les possibles effets que représente un parc en exploitation pour ce groupe.

Éolien et mortalité

Nos suivis de parcs éoliens en exploitation entre mars et mai mettent régulièrement en évidence des chiroptères morts par collision directe ou par barotraumatisme1. Le bas de pales à 50 m déconnecte bien de l’activité de chasse en lisière, mais pas des transits migratoires de plein ciel.

Le protocole national de suivi des parcs éoliens cible essentiellement les périodes estivales et automnales. La migration printanière, que ce soit pour les chiroptères ou l’avifaune, mérite d’être intégrée dans les suivis, au moins sur les 3 premières années d’exploitation.

Cadavre de Pipistrelle commune
Cadavre de Pipistrelle commune, une des trois retrouvées en période printanière

Les autorisations d’exploiter récentes intègrent généralement une mesure préventive de bridage. De même il est rare aujourd’hui de déposer un projet sans une telle mesure de réduction. Toutefois l’actualisation des protocoles de suivis en phase d’exploitation implique une révision pour certains parcs plus anciens, avec plus de sorties notamment. Le délai entre expertise environnementale, autorisation et mise en exploitation peut également être très long… Les parcs éoliens non bridés ne sont donc pas des cas isolés, même si la tendance est à la baisse.

Il est donc important de se rendre compte que la période de migration printanière, qui est rarement considérée comme période « à risque », n’est pas si anodine. Le protocole national impose un suivi à partir de la mi-mai. Suivre la mortalité printanière est primordial, même si le suivi montre un impact négligeable. C’est même l’objectif premier : montrer que les conclusions de l’étude d’impact, qui considère le risque de mortalité négligeable, sont correctes. Qu’il y ait bridage ou pas d’ailleurs, car les modalités peuvent être affinée en fonction des résultats.

Rien d’accusateur, puisque tout se corrige. Mais pour corriger, il faut chercher. Tout engagement des exploitants à aller au-delà des préconisations nationales est à saluer, car il permet de mieux appréhender et surtout corriger les éventuels impacts des parcs éoliens sur la faune volante, aussi bien pour les chauves-souris que pour l’avifaune.

Barotraumatisme : implosion interne des tissus, par modification brutale de la pression de l’air provoquée par les pales en mouvement. L’individu meurt sans collision directe.